
Maghyv
1989 - until now
Je suis MAGHYV, un nom que j’ai choisi pour honorer mes parents, eux-mêmes artistes et créateurs. Je suis née sous X à Dakar, au Sénégal, et même si l’adoption m’a éloignée de ma terre natale, elle m’a offert une enfance bercée par l’art et la culture. Dès mon plus jeune âge, les musées et les expositions, tant en France qu’à l’étranger, étaient mes terrains de jeu, des lieux où je pouvais me connecter avec l’histoire et la création humaine. Mon retour en Afrique à l’âge de 8 ou 9 ans a marqué un tournant décisif dans mon parcours artistique. C’est là, sur l’île de Ngor, que j’ai peint ma première toile. Ce n’était pas simplement de la peinture sur une surface vierge; c’était un acte de communion avec mes origines, un signe du chemin que je devais suivre.
Dans ma démarche, je cherche à explorer et à comprendre mes racines à travers mes œuvres. La photographie en noir et blanc me permet de capturer des instants de vie, des histoires du quotidien qui souvent échappent à notre regard. Que ce soit les artisans, les artistes de rue, ou les passants, chaque photo est une fenêtre ouverte sur un monde riche d’émotions et d’histoires non dites.
La peinture, pour moi, est un dialogue intérieur. Je peins des personnages noirs, des visages qui pourraient être les miens, ou ceux de ma famille inconnue. Chaque œuvre est une pièce d’un puzzle identitaire, une quête de moi-même et de mon héritage africain. C’est ma manière de reprendre possession de l’histoire et de l’art, en comblant le vide de représentativité auquel j’ai été confrontée.
En tant qu’artiste noire, la nécessité de se réapproprier l’art noir et de revisiter l’histoire à travers le prisme de notre propre vécu est une quête qui me tient à cœur. C’est une démarche qui va bien au-delà de la simple création; c’est un acte de renaissance, une forme de résistance et de déclaration d’indépendance culturelle.
Mon admiration pour les tableaux de la Renaissance, avec leur exécution et leur esthétique raffinées, se heurte à la représentation limitée et souvent dévalorisante des personnages noirs. Ce sont ces omissions et ces distorsions historiques qui alimentent ma détermination à réinventer la narrative et à donner de la visibilité à notre dignité et à notre richesse culturelle.

J’ai envie de représenter divers concepts et allégories à ma façon. Personnifier des concepts via des personnages noirs c’est ma façon de me réapproprier l’art, l’histoire.
Je peins avec l’intention de restaurer une image plus équilibrée et valorisante de la communauté noire. C’est en s’éloignant du regard eurocentrique, qui a longtemps placé les personnes noires dans des rôles subalternes, que je cherche à célébrer et à élever notre présence. En me joignant à d’autres artistes noirs contemporains, nous formons un mouvement, une vague qui refait l’histoire de l’art en y incluant des figures qui nous ressemblent, qui illustrent notre réalité et qui reflètent notre vision du monde.





Peindre des personnes noires c’est un peu comme chercher dans ce que je peins une ressemblance physique, me retrouver et mettre en avant mes origines. Étant habituée des musées et amatrice d’art de la renaissance, j’ai baigné dans des représentations de personnages occidentaux et la représentativité de mes origines africaines était peu présente. J’essaie d’apporter ma pierre à cet édifice qu’est l’art africain.